La loi sur les PNPP est d’une complexité déconcertante : elle divise les PNPP en deux catégories. Elles doivent donc être composées exclusivement de « substances de base », ou de « substances naturelles à usage biostimulant » (SNUB). Ces deux termes renvoient à des réglementations différentes, histoire de noyer le poisson. Une substance de base est une substance « dont la destination principale n’est pas d’être utilisée à des fins phytosanitaires, mais qui est néanmoins utile dans la protection phytosanitaire », elle est donc gérée par le règlement européen sur les phyto, alors qu’une SNUB est classée parmi les matières fertilisantes et est gérée au niveau français1.

Actuellement, sont donc autorisées 20 substances de base, comme le sucre, le bicarbonate, l’huile d’oignon, l’huile de tournesol, le vinaigre, la bière, etc. et 144 SNUB, comme l’ail, l’ortie et l’achillée millefeuille, etc.

Mais dans ce bazar législatif, rassurez vous, le ministère de l’Agriculture vous autorise à utiliser de la bière dans votre jardin dans un piège à limace. C’est donc un « molluscicide » officiel… Ou du vinaigre blanc… Et le savon noir ? Non, pour ce dernier son innocuité n’est pas prouvée…

Les PNPP pourraient être définies de façon beaucoup plus simple, ce qui faciliterait leur réel développement. Les procédures d’évaluation et d’autorisation ont été simplifiées, mais restent encore trop complexes et permettent d’en restreindre l’usage.

Pour imposer ces évaluations et autres normes, ce sont bien souvent des arguments fallacieux qui sont mis en exergue, notamment par les ministres de l’Agriculture. Ainsi Stephane Travert a affirmé que « la courge, si elle est trop consommée, fait tomber les cheveux. Les feuilles de rhubarbe sont si toxiques qu’elles tuent la vie du compost ». Et Stéphane Le Foll, lui, évoquait la présence d’un insecticide dans le purin d’ortie… et donc qu’il fallait l’évaluer comme les insecticides de synthèse. Non la courge n’est pas toxique. Non, le purin d’ortie n’est pas un insecticide et il est principalement utilisé comme biostimulant.

La caricature est aussi maniée avec dextérité par les détracteurs des PNPP, à l’instar du sénateur Bruno Sido qui affirme : « A en croire notre collègue Joël Labbé et d’autres, tout ce qui est naturel est bon ». Personne n’oserait affirmer une telle énormité, tout le monde sait que tout a une dose létale, même l’eau. Faut-il légiférer sur la quantité d’eau qu’une personne peut boire ?

Contrairement à ce qu’elles affirment, les autorités françaises font tout pour bloquer le développement des PNPP. Les faits le confirment.

De nombreuses PNPP ne sont pas autorisées alors qu’elles sont utilisées depuis des décennies, sur des centaines d’hectares sans qu’aucun incident sanitaire et phyto-sanitaire n’ait été recensé par les autorités. Pourquoi ?
L’Allemagne et l’Italie, par exemple, ont autorisé plusieurs centaines de plantes sans qu’aucun incident sanitaire et phyto-sanitaire n’ait été recensé par les autorités. Pourquoi ?
La Répression des Fraudes intervient dans certaines jardineries2 et leur demande de retirer les purins de consoude alors que d’autres, comme Gamm’Vert, filiale du vendeur de pesticide de synthèse InVivo, continue de vendre en ligne des purins illégaux. Pourquoi ?
Les entreprises qui défendent des solutions brevetées de biocontrôle ou des biostimulant refusent que le ministère simplifie encore les procédures d’autorisation. Pourquoi ?

Les atermoiements des autorités ne viendraient-ils justement pas de l’action des lobbies ? Nous pouvons démonter qu’il existe une porosité entre les syndicats majoritaires (FNSEA), les entreprises (UIPP, DowDupont, Novartis) et le ministère de l’Agriculture (DGAL). Cela explique sans doute un peu de la frilosité des ministres successifs.

L’Aspro-PNPP et consort (Confédération paysanne, Itab, Amis de la Terre, Agrobio Périgord, Demeter, MABD, Unaf, Syndicat des Simples, Nature & Progrès, Les Amis de l’Ortie, LPO, Les Artisans du Végétal, etc.) réclament a minima que tout ce qui est issu de plante ou partie de plante consommées par l’homme ou l’animal puisse être utilisé sur des plantes. Ce critère avait d’ailleurs été reconnu par la Commission d’étude de la toxicité concernant les produits phyto-pharmaceutiques à base de végétaux et de produits végétaux dès 2001. Mais au moment des débats au Parlement sur la loi EGALim en 2018, les différents amendements qui demandaient que cela soit inscrit dans la loi, amendements parfois votés en première lecture à l’Assemblée Nationale, ont été évincés.

Pourquoi ? Existe-t-il des arguments sérieux pour appuyer ce rejet ? Non.

Au contraire, tout montre que les PNPP sont réellement peu préoccupantes.

Contrairement aux pesticides de synthèse, elles ne sont pas rémanentes et sont totalement biodégradables, elles n’entraînent pas de phénomène de résistance chez les insectes ou virus cibles, etc.

Rappelons aussi que les 144 plantes autorisées en 2016 l’ont été en dehors de toute évaluation, preuve que l’argument de l’innocuité qu’il faudrait démontrer est fallacieux.

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